Quand éducation rime avec déviation

Cet article se penche sur la scoliose en tant qu’enjeu de la médecine scolaire à Lausanne dans la période d’instauration des écoles publiques, entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème. Dans ce contexte hygiéniste, le corps des enfants fait l’objet d’une attention particulière et une nouvelle catégorie de maladies, les « maladies scolaires », apparaît. La scoliose est au centre des recherches de trois médecins, Charles Scholder, Adolphe Combe et Auguste Weith qui indiquent une surreprésentation des filles dans les statistiques. Ils imputent d’une part ces maladies à l’école, responsable de mauvaises postures et d’autre part l’importance des scolioses chez les filles au cumul des tâches qu’elles effectuent, faisant progressivement glisser la problématique de la sphère publique à la sphère privée. Si les garçons ont aussi des scolioses, le discours est cependant concentré sur les filles pour des raisons d’ordre esthétiques et de l’éventuel danger que celle-ci représente pour la grossesse. Ces analyses soulèvent cependant la controverse, en particulier chez l’orthopédiste zurichois Schulthess qui estime que le squelette féminin est plus faible que le masculin et que la source de la scoliose est à chercher dans le rachitisme. Ces discours, qui proposent une action préventive sur l’institution scolaire dans son ensemble et cherchent à asseoir les statuts des nouveaux experts tout en renforcent les conceptions sexuées du corps, sont révélateurs d’une construction corporelle de l’enfant scolarisé qui se renforce vers la fin du XIXème siècle.

Résumé : Sarah Kiani

Auteur·e·s
Kaba Mariama
Références

Kaba, M. (2009). Quand éducation rime avec déviation. Revue historique vaudoise, 117, 89-101.