La pratique du « care » réunit un mélange composite de sollicitude focalisée sur les besoins d’une personne et de prise de responsabilité concrète. Pour y parvenir, il faut une certaine liberté d’action, difficilement compatible avec les logiques économiques qui préconisent la réduction des dépenses. Le « care » est donc menacé de disparaître. Ce n’est pourtant pas ce que les auteures de cet article ont pu observer au cours de leur étude conduite au sein de services sociaux. Cet article a pour but de répondre à la question de comprendre pour quelles raisons les assistant-e-s sociaux-ales (AS) ont font en conséquence plus que ce qui leur ai demandé.
Le « care » est difficilement mesurable et appréhendé comme une disposition naturelle, particulièrement pour les femmes, qui en exercent majoritairement les métiers. Considéré comme un don dont qui ne s’acquiert pas institutionnellement, il est privé de sa professionnalité. Cet article met à jour plusieurs dilemmes vécus par les AS dans leur pratique du « care ». Ces dilemmes permettent de rendre compte de la difficulté de maîtriser l’engrenage de responsabilité qu’implique cette pratique en raison des attentes sociales différenciées qui pèsent selon le sexe des personnes pourvoyeuses de « care » et qui conditionne les possibilités de faire face à l’épuisement professionnel. Cette maîtrise normative, genrée, stratégique et donc politique est pourtant un enjeu majeur dans la reconnaissance du « care ».
Résumé : Sarah Kiani