Le culturel prétexte

En Suisse, les médias et les politiques véhiculent des discours imputant les « problèmes » de chômage, d'insécurité, de drogue ou encore de criminalité à la présence étrangère en invoquant une soi-disant difficulté d'intégration liée à la« culture ». Loin d'être un phénomène nouveau, le fait de voir en l'étranger une personne « inassimilable » car trop éloignée des mÅ“urs suisses, a toujours été un discours en vigueur comme nous le montre Jean-Pierre Tabin avec, entre autres, l'exemple de la politique dite des « cercles » en 1991. Celle-ci justifiait un traitement différencié des migrants selon leur appartenance géographique, afin de sauvegarder une cohésion nationale qui aurait été menacée. Ce discours évolue d'une population à l'autre en fonction des nouveaux migrants.

Si la politique en la matière a quelque peu changé aujourd'hui, les dispositions envers les non-membres de l'Union européennes restent restrictives.

L'usage de la notion de culture constitue en réalité une barrière rhétorique cachant un racisme primaire. Cette notion est régulièrement utilisée pour expliquer les comportements déviants, sans prise en compte des inégalités économiques, sanitaires et sociales. Cette tendance à attribuer à un groupe « intrus » des caractéristiques négatives a en fait pour fonction d'affirmer la bonne conduite du groupe dominant. La culture devient donc un prétexte pour repousser l'autre sans prise en compte que si problème il y a, c'est en général celui de la société d'accueil.

Résumé : Sarah Kiani.

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Références
Tabin, J.-P. (2006). Le culturel prétexte. Terra cognita : revue suisse de l'intégration et de la migration, 9, 22-24.