Le Care, entendu comme « la responsabilité, accompagnée de sollicitude, dont se charge un-e professionnel-le face à une usagère, un usager, et qui exprime son engagement à la fois matériel, mental et émotionnel à répondre aux besoins de cette dernière ou de ce dernier » (page 105) est peu reconnu et difficile à saisir.
L’enquête de Marianne Modak, Carol de Kinkelin et Natalie Benelli de la Haute Ecole d’Etudes Sociales et Pédagogiques de Lausanne, cherche à déceler le Care dans la pratique des assistant-e-s sociaux et offre quelques réflexions pour sa reconnaissance comme outil indissociable du travail social.
Combinant observation directe et entretiens approfondis entre une personne usagère et un-e assistant-e social-e, l’enquête propose d’une part de mettre en évidence les pratiques considérées comme du Care par les enquêtrices et, d’autre part, de recueillir l’avis de l’assistant-e social-e. Cette méthode permet de dessiner plus nettement les contours du Care et d’analyser des pratiques situées, c’est-à-dire mises en œuvre dans des interactions.
Fortement genré, exercé majoritairement par des femmes et des personnes sans pouvoir social, le Care, considéré comme faisant appel à des qualités naturelles, est dévalué. Cette enquête s’attache à rendre possible sa revalorisation comme une pratique qui n’a rien d’évidente et qui exige un travail sur soi, tout en mettant en garde contre une rationalisation qui pourrait faire perdre au Care son essence même : la prise en charge de la fragilité.
Résumé : Sarah Kiani.