Dans cet article, les auteures analysent l’émergence et le développement des organismes privés d’aide et de soins à domicile à but lucratif. Partant du constat que la Suisse est l’un des pays où l’espérance de vie est parmi les plus élevées au monde, elles relèvent que la question de l’habitat est devenue centrale dans le développement des politiques de vieillesse de ce pays. Elles notent que depuis les années 1990, une privatisation du secteur de l’aide et des soins à domicile s’est progressivement installée. Plus marquée en Suisse allemande, cette privatisation des organismes d’aide et de soins s’étend progressivement à la Suisse romande.
Les organismes à but lucratif ont concentré l’essentiel de leurs prestations dans le domaine de l’aide, très peu réglementées au niveau juridique contrairement aux prestations de soin qui sont codifiées par la loi fédérale (LAMal). La stratégie commerciale de ces entreprises se fonde sur une réponse aux « besoins » exprimés par les personnes âgées. Les auteures utilisent la figure du « citoyen consommateur » pour analyser ce phénomène.
Elles concluent en relevant que les récentes réformes législatives peuvent être considérées comme le catalyseur d’un mouvement général vers la privatisation. Fédéralisme oblige, cette privatisation des services se fait toutefois de manière variable d’un canton à l’autre.
Résumé : Emilie Pasquier