La Suisse : une société du savoir basée sur l'apprentissage dual ?

Cet article questionne la notion de « société du savoir » dans le contexte suisse. Pour problématiser les théories de la « société du savoir », il est nécessaire d'interroger la formation : dans ce pays 70% des jeunes choisissent la voie de l'apprentissage et celui-ci est conçu sur un mode dual, c'est-à-dire partagé entre formation scolaire et pratique.

Historiquement, l'apprentissage dual est mis en place et institutionnalisé par les organisations patronales qui ont pour priorité de lutter contre les idées socialistes venant des immigrés, principalement d'Italie. Force est de constater qu'aujourd'hui, cette forme de formation professionnelle répond toujours largement aux besoins de l'économie néo-libérale, en termes de main-d'Å“uvre tout comme de contrôle des employés, en induisant une intériorisation par les apprenti-e-s des rapports hiérarchiques et de pouvoir liés au travail. Cette intériorisation a pour conséquence une « naturalisation » des exigences de profit de l'entreprise.

Malgré une quasi-unanimité envers ce système dual en Suisse, il présente des limites structurelles qu'il devient difficile d'ignorer. Le nombre de places d'apprentissage qui diminue est la conséquence d'une demande de formation de plus en plus qualifiante, ainsi que des besoins objectifs de sociabilisation du travail et de scolarisation de la formation. La formation duale, basée sur une scolarisation moindre, ne peut plus combler ces demandes et procède d'une remise en question, dans le même mouvement, de la « société du savoir ».

Résumé : Sarah Kiani.

Auteur·e·s
Waardenburg George
Références

Waardenburg, G. (2007). La Suisse : une société du savoir basée sur l'apprentissage dual ? In M. Gemperle & P. Streckeisen (Eds.), Ein neues Zeitalter des Wissens? Kritische Beiträge zur Diskussion über die Wissensgesellschaft (pp. 236-254). Zurich: Seismo.