Etre pauvre en Suisse

Présence Suisse, l’unité du département fédéral des affaires étrangères qui a pour but « de promouvoir une image authentique de la Suisse à travers le monde » donne une définition, un seuil et un discours sur la pauvreté en Suisse, basés sur l’organisation fédérale de la statistique (OFS), que cet article a pour but de questionner. L’OFS ne prend en compte pour sa statistique qu’une population restreinte, les 20 à 59 ans et, comme l’enquête est réalisée par téléphone, celles qui sont dans l’annuaire et généralement celles qui ont un téléphone fixe. Plusieurs manières de mesurer la pauvreté se côtoient : l’OFS considère un ménage pauvre si, après déduction des cotisations sociales et des impôts, son revenu est inférieur à un seuil de pauvreté qui n’est défini ni sur la base des besoins ni sur celle d’un revenu moyen, le calcul de ce seuil étant perdu. D’autres enquêtes mesurent la pauvreté en s’intéressant aux conditions de vie des ménages, d’autres en fonction de ce qu’en disent les ménages et enfin des enquêtes insistent sur l’importance de ne pas appréhender la pauvreté comme une condition statique et de l’intégrer à une approche en terme de parcours de vie. Ces contestations sur le mode de calcul ne permettent toutefois pas de savoir de quoi on parle vraiment. La pauvreté n’est pas un état mesurable en lui-même mais par rapport à la réaction sociale qu’elle provoque : les pauvres, ainsi que le souligne le sociologue George Simmel, ne constituent un groupe spécifique que parce que c’est la société qui les désigne comme tel.

Résumé : Sarah Kiani

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Références

Tabin, J.-P. (2010). Etre pauvre en Suisse. Services publics, journal du syndicat des services publics, 91(14), 5.