Des reproches d'inutilité au spectre de l'abus : étude diachronique des conceptions du handicap du XIXème siècle à nos jours

À travers les thématiques de l'abus et de l'inutilité, cet article illustre les bouleversements qui ont jalonné l'histoire du handicap et de ses représentations et démontre la transformation des enjeux de tolérance publique face à la question du handicap.

Dès la fin du XIXème siècle, on voit apparaître de nouveaux modes de vie en lien avec l'industrialisation et l'émergence des catégories de l'autonomie et de la responsabilité. Dans le contexte des premières théories eugéniques, les handicapés sont rejetés hors des écoles et des hôpitaux, « récupérés » par les institutions philanthropiques. Peu à peu se forment les « classes spéciales » et une construction « scientifique » de l'anormalité. L'Association suisse en faveur des anormaux (ASFA), secrétariat permanent des Å“uvres de secours qui crée dès 1942 la revue « Pro Infirmis », reçoit de nombreuses critiques, soupçonnée d'aider des personnes « qui ne servent à rien », abusant des ressources à leur disposition.

Les choses changement progressivement des années 1960 à nos jours, instaurant peu à peu une figure plus positive du handicap, plus autonome. L'inadaptation des structures sociales est mise en avant, et un champs d'étude neuf fait son apparition, les disability studies.

Le spectre de l'abus n'a pourtant pas disparu de la représentation du handicap, en témoigne la 5ème révision de l'Assurance Invalidité (AI) en 2007, réduisant les rentes des cas les moins « visibles », les personnes souffrant de difficultés d'ordre psychologique.

Résumé : Sarah Kiani.

Auteur·e·s
Kaba Mariama
Références

Kaba, M. (2007). Des reproches d'inutilité au spectre de l'abus : étude diachronique des conceptions. Carnets de bord en sciences humaines, 13, 68-77.