Des corps et des jeux : réflexion autour de l'incorporation du genre

Partant du postulat que le corps est le locus initial de la subjectivité (Maurice Merleau-Ponty, 1945), et donc le berceau d’une conscience de soi éprouvée dans l’expérience et la perception, Dominique Golay analyse ce que les usages des corps, dans les pratiques ludiques enfantines, révèlent du point de vue du genre. L’observation ethnographique qu’elle a mené dans des institutions de la petite enfance questionne les habitudes de jeu des enfants qui peuvent conduire – à force de répétition – à l’intériorisation d’une position sociale facilitant ou au contraire limitant l’accès aux ressources dans un espace institutionnel. Sous cet aspect, les usages du coin « maison » donnent à voir des pratiques différenciées selon le sexe. Si les jeux de super-héros, majoritairement masculins, favorisent la motricité large et une occupation étendue du territoire institutionnel, ceux de princesses, féminins par définition, suscitent une expérimentation corporelle plus limitée et s’inscrivent souvent dans un espace circonscrit. En conclusion, Dominique Golay, relève que les habitudes de jeu et les cultures ludiques qu’elle génèrent mettent en évidence un « apprendre par corps ». Or, ces manières d’être au monde, de percevoir et de comprendre son environnement sont tributaires de l’expérience corporelle des unes et des autres. Elle souligne alors l’importance de l’observation pour rendre compte des habitudes et éviter que l’expérience ne devienne intériorisation d’une position sociale.

Résumé : Emilie Pasquier.

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Références

Golay, D. (2015). Des corps et des jeux : réflexion autour de l'incorporation du genre. Revue [petite] enfance, 117, 35-41.